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À nos quatre bébés poussières d'étoile...

Comme quatre petites blessures secrètes enfouies au fond de nos cœurs, ils sont à jamais gravés en nous. Nos quatre minuscules bébés poussières d'étoile, dont on ne parle jamais, mais qui sont présents dedans et tout autour de nous.

Il y a huit ans et demi, je suis tombée enceinte. Nous étions au firmament du bonheur. Je me souviens de ce weekend à Cardiff, en amoureux, avec ce petit secret logé au creux de moi, et nos rêves d'avenir à trois, à chacun de nos pas. Quelques jours plus tard, le docteur nous annonçait une fausse couche précoce. Nous l'avons laissé nous envelopper de ces petites phrases anodines "les fausses couches précoces cela arrive tout le temps", "vous êtes encore jeunes", et autres "vous n'avez pas eu le temps de vous attacher, ce n'était qu'un minuscule œuf non viable"... Nous l'avons laissé nier nos émotions, nous avons tacitement accepté de renier les rêves que nous avions pour toi, nous l'avons laissé nous faire croire que tu n'étais rien qu'un peu de bruit et que la vie serait simple et facile sans toi... Il y a sept ans et demi, nous avons laissé un deuxième médecin briser nos rêves de parentalité sans aucune sensibilité, sans aucune compassion, sans aucune douceur... nous l'avons laisser nous balancer sans ménagement, que nous avions plus de chance de gagner au loto que de concevoir un enfant... nous l'avons silencieusement laissé réduire nos cœurs en miettes sans aucun égard pour nous et pour nos rêves... Il y a sept ans, transportés par un médecin fabuleux et bienveillant au cœur d'un laborieux et douloureux protocole de fécondation in vitro, nous avons rempli nos cœurs meurtris d'espoirs et de rêves. A la première tentative, tu es arrivé tel un petit bonheur et tu t'es installé au creux de moi. Nos rêves de vie à trois ont repris en un instant... Jusqu'à ce matin de décembre, où un autre médecin nous a annoncé sans ménagement qu'elle ne détectait pas de battements de cœur. Le cœur en miettes, je n'ai pas compris pourquoi elle a continué longtemps a sondé mon ventre sans vie, et a scruté l'écran de l'échographe, jusqu'à ce qu'elle lâche les mots terribles qui ont suivi... "En fait, ils étaient deux. C'était des vrais jumeaux." Nous l'avons laissé déchirer nos cœurs deux fois en un instant, et nous traiter avec distance et froideur... comme pour se protéger elle, sans aucun égard pour nous protéger nous... Et je savais à cet instant que je ne serais jamais plus vraiment la même sans vous... Il y a six ans et demi, nous voici au cœur de notre troisième tentative du protocole de FIV, malgré les épreuves qui s’enchaînaient... Et quelle joie! un nouvel espoir entremêlé d'angoisse qui grandissait chaque jour en moi... Mais quelques semaines plus tard, j'ai senti une violente douleur me déchirer le ventre... En arrivant chez le docteur, je savais déjà au fond de moi, que nous t'avions perdu aussi...

Ce jour-là, j'ai cru que mon cœur allait s'arrêter de battre... Je suis tombée tellement bas que j'ai cru que j'allais en mourir... Je savais que je ne serai définitivement plus jamais la même... Tout espoir m'a abandonné... Aucun mot, aucune pensée n'aurait pu soulager nos souffrances. Comme nous l'avions fait depuis deux longues années, nous avons gardé pour nous nos souffrances, comme pour les épargner aux autres, par peur de gêner, par crainte de déranger... et surtout dans la terreur de m'effondrer à la prochaine maladresse...


Ces petites maladresses qui peuvent sembler si anodines mais qui ont lacéré un peu plus nos cœurs déjà en miettes: celles de ceux qui ignoraient "alors ce bébé, vous vous y mettez quand?", comme celles de ceux qui savaient "ce n'est rien, tu en auras d'autres"... Toutes ces petites remarques qui nous ont brisé un peu plus chaque fois et nous ont muré toujours plus dans le silence... Nous nous sommes renfermés sur nous-mêmes, comme si nos vies étaient en suspens, en attente de cet enfant tant rêvé qui ne venait pas... Toutes nos amies semblaient tomber enceintes si facilement... et je dois avouer que je les ai détestées pour cela! J'étais dans un tel gouffre, je ne sais même pas comment j'ai tenu...

Et puis un jour, la vie est plus forte... Mais je n'oublierai jamais les bébés que nous avons perdus et les rêves d'avenir que nous avions avec eux... Le 15 octobre est la journée de sensibilisation au deuil périnatal. Ensemble, brisons le silence. Je dédie cette journée à nos quatre minuscules bébés poussières d'étoile, qui seront toujours dans nos cœurs, dedans, et tout autour de nous!

Les petits pieds de Léa (chanson écrite par Marianne L'Heureux, interprétée par Céline Dion) Je ne te connaissais pas, Mais tu me faisais rire aux éclats Avec les petits coups de souris Que tu donnais derrière mon nombril

Même sans te connaître, Je t’aimais si fort, déjà

J’avais dans tout mon être Tellement envie de prendre soin de toi

Pourquoi les petits pieds de Léa Ne feront jamais leurs tout premiers pas Pourquoi ses petits pieds ne grandiront pas

Petit frisson dans l’univers Comme si la vie changeait d’idée En un coup de vent de poussières Le bonheur s’est envolé

J’aurais tout donné

Pour que tu grandisses dans mes bras Le mauvais sort avait pointé Le malheur, c’était donc ça…

Pourquoi les petits pieds de Léa Ne feront jamais leurs tout premiers pas Pourquoi ses petits pieds ne grandiront pas

Couché aux creux de mes mains Un petit être si léger Mais tellement, tellement pesant Dans mon cœur de maman

Aucune trace de petits doigts Ni de bisous soufflés Par la fenêtre pour ton papa Quand il partira travailler

Et ça lui brise le cœur De regarder l’arbre en fleurs Qu’il avait planté en pensant Vous voir pousser en même temps

Pourquoi les petits pieds de Léa Ne feront jamais leurs tout premiers pas Pourquoi ses petits pieds ne grandiront pas

Mon Dieu dites-moi pourquoi Je ne lui aurai chanté qu’une seule fois «Bonne nuit cher trésor, ferme tes yeux et dors»

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